Que nous rappelle Aimé Césaire avec ce proverbe qui résonne si fortement aujourd'hui ?
Il souligne l'importance de la mémoire, ou plutôt des mémoires, dans la construction identitaire, culturelle d'une société. Il nous renvoie au chapitre d'introduction du programme de Terminale mais aussi aux commémorations de la Première Guerre mondiale qui débutent en ce mois de novembre. Il fait écho à la Grande Collecte organisée par l'État pour permette la découverte, le partage mais aussi le croisement de sources indiviudelles, familiales. Sources essentielles au travail de l'historien et à la compréhension de périodes qui échappent, avec le temps, à notre compréhension immédiate.
Aimé Césaire nous rappelle aussi que si la mémoire est un trésor à partager c'est aussi une arme qui peut être manipulée, révisée, niée. Aux historiens, une fois de plus, de faire le lien, de
créer du sens dans ces mémoires pour éviter les amalgames qui conduisent souvent à la haine ou à l'incompréhension.
Cest aussi le travail de certains cinéastes qui ont fait de cette quête un crédo comme Claude Lanzmann. Celui-ci sort un nouveau documentaire, "Le Dernier des injustes", sorte de conclusion à son oeuvre phare, "Shoah" (voir les articles dans Le Monde et Les Inrocks). Il y présente sa rencontre en 1975 à Rome de Benjamin Murmelstein, le seul "doyen des juifs" encore en vie. Dans les ghettos, ces "doyens", étaient chargés d'encadrer administrativement l'horreur organisée par les nazis et de désigner ceux qui partaient vers les camps.
Enfin cette phrase du poète et homme politique résonne plus particulièrement dans cette actualité bousculée par la montée d'actes haineux, racistes et souvent imbéciles. Des actes comme ceux qui ont amené à la manifestation du 11 novembre à Angers à l'appel de la Ligue des Droits de l'Homme. Actes qui rappellent d'autres mots, cités par un autre poète et politicien issu lui-aussi de nos mémoires partagées, Léopold Sédar Senghor : "Les racistes sont des gens qui se trompent de colère". A méditer.